à vous. Adieu ! (Horatio, Marcellus et Bernardo sortent.) — L’âme de mon père tout armée ! tout ne va pas bien. Je soupçonne quelque mauvais mystère. Oh ! je voudrais que la nuit fût venue ! Jusque-là, sois calme, mon âme ! Les mauvaises actions, quand la terre entière pèserait sur elles, surgiront aux yeux des hommes.
SCÈNE III
laërtes. — Mes bagages sont embarqués ; adieu ! Et maintenant, sœur, quand les vents en offriront l’occasion et qu’un convoi nous viendra en aide, ne vous endormez pas, mais donnez-moi de vos nouvelles.
ophélia. — Pouvez-vous en douter ?
laërtes. — Quant à Hamlet, et au badinage de ses gracieusetés, regardez cela comme une fantaisie de mode et un jeu auquel son sang s’amuse, — comme une violette née en la jeunesse de la nature qui s’éveille, — hâtive, mais passagère, suave, mais sans durée ; le parfum et la distraction d’une minute, rien de plus.
ophélia. — Quoi ! rien de plus ?
laërtes. — Non, croyez-moi, rien de plus ; car la nature, dans son progrès, ne développe pas seulement les muscles et la masse du corps, mais à mesure que s’agrandit ce temple, s’étendent aussi largement, pour la pensée et pour l’âme, les charges de leur dignité intérieure. Peut-être vous aime-t-il maintenant ; peut-être aucune souillure, aucune fraude n’altèrent maintenant la vertu de ses volontés ; mais vous devez craindre, en pesant sa grandeur, que ses volontés ne lui appartiennent pas. Il est lui-même sujet de sa naissance ; il ne lui est pas possible, comme aux gens qui ne comptent pas, de se tailler à lui-même sa destinée, car de son choix dépendent le salut et la santé de tout l’État ; et c’est pourquoi son choix doit être restreint à ce que demande