de cela sur-le-champ : car il m’importe beaucoup d’arrêter toutes les espérances qui pourraient se fortifier à mon désavantage.― (Catesby sort.) Il faut que j’épouse la fille de mon frère, ou mon trône ne posera que sur un verre fragile.― Égorger ses frères, et puis l’épouser ! ce n’est pas là une route bien sûre pour y parvenir. Mais me voilà entré si avant dans le sang, qu’il faut qu’un crime chasse l’autre. La pitié larmoyante n’habita jamais dans ces yeux. (Entre le page avec Tyrrel.) T’appelles-tu Tyrrel ?
Tyrrel. ― James Tyrrel, votre dévoué sujet.
Le roi Richard. ― L’es-tu en effet ?
Tyrrel. ― Mettez-moi à l’épreuve, mon gracieux seigneur.
Le roi Richard. ― Oseras-tu te charger de tuer un de mes amis ?
Tyrrel. ― Comme il vous plaira : mais j’aimerais mieux tuer deux de vos ennemis.
Le roi Richard. ― Eh bien, c’est cela même. Deux mortels ennemis contraires à mon repos, et qui me privent des douceurs du sommeil : voilà ceux sur qui je voudrais te faire opérer. Tyrrel, c’est des bâtards qui sont dans la Tour que je te parle.
Tyrrel. ― Donnez-moi les moyens d’arriver jusqu’à eux, et je vous aurai bientôt délivré de la crainte qu’ils vous inspirent.
Le roi Richard. ― Tu chantes sur un ton qui me plaît.― Écoute, approche-toi, Tyrrel. Va, muni de ce gage ; lève-toi, et approche ton oreille : (il lui parle bas) voilà tout.― Viens me dire : C’est fait ; et je t’aimerai, je t’avancerai.
Tyrrel. ― Je vais dépêcher l’affaire sur-le-champ.
(Il sort.)
(Rentre Buckingham.)
Buckingham. ― Mon prince, j’ai examiné en moi la proposition sur laquelle vous m’avez sondé dernièrement.
Le roi Richard. ― Fort bien, n’en parlons plus.― Dorset est en fuite ; il est allé joindre Richmond.