Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans sa couche des précieuses vapeurs du sommeil, sans être réveillée par les songes effrayants qui agitent Richard. Je sais d’ailleurs qu’il me hait, par la haine qu’il portait à mon père Warwick, et sans doute il ne tardera pas à se défaire de moi.

Élisabeth. ― Pauvre chère âme, adieu. Je plains tes douleurs.

Anne. ― Pas plus que mon cœur ne gémit sur les vôtres.

Dorset. ― Adieu, toi qui accueilles si tristement les grandeurs.

Anne., à Dorset.― Adieu, pauvre malheureux qui vas prendre congé d’elles.

Là Duchesse. à Dorset.― Va joindre Richmond, et qu’une heureuse fortune guide tes pas ! (À lady Anne.) Va joindre Richard, et que les anges gardiens veillent sur tes jours ! (À la reine.) Va au sanctuaire, et que de bonnes pensées s’emparent de toi ! Moi je vais à mon tombeau, et puissent le repos et la paix y descendre avec moi. J’ai vu quatre-vingts tristes années de chagrins, et chacune de mes heures de joie est toujours venue s’abîmer dans une semaine de douleurs.

Élisabeth. ― Arrêtez, encore.― Jetons encore un regard sur la Tour.― Ô vous, pierres antiques, prenez en compassion ces tendres enfants, que la haine a renfermés dans vos murs ! Berceau bien rude pour de si jolis petits enfants ! dure et sauvage nourrice ! vieille et triste compagne de jeu pour de jeunes princes, traite bien mes enfants ! Pierres, c’est ainsi qu’une douleur insensée prend congé de vous.

(Ils sortent tous.)


Scène 2

Une salle d’apparat dans le palais.

Fanfares et trompettes. Richard en habits royaux, sur son trône,Buckingham, Catesby, un page autres personnages.

Le Roi Richard. à sa suite.― Écartez-vous tous.― Cousin Buckingham ?