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pour le service de mon Dieu m’a fait négliger la visite de mes amis. Mais laissons cela ; que désire Votre Grâce ?

Buckingham. ― Une chose qui, j’espère, sera agréable à Dieu, et réjouira tous les bons citoyens de cette île dans l’anarchie.

Glocester. ― Vous me faites craindre d’avoir commis quelque faute répréhensible aux yeux de cette ville, et vous venez sans doute me reprocher mon ignorance ?

Buckingham. ― Vous avez deviné juste, milord. Votre Grâce daignerait-elle, à nos instantes prières, réparer sa faute ?

Glocester. ― Comment pourrais-je autrement vivre dans un pays chrétien ?

Buckingham. ― Sachez donc que vous êtes coupable d’abandonner le siége suprême, le trône majestueux, les fonctions souveraines de vos ancêtres, les grandeurs qui vous appartiennent, les droits de votre naissance et la gloire héréditaire de votre royale maison, au rejeton corrompu d’une tige souillée ; tandis que vous êtes plongé dans le calme de vos pensées assoupies, dont nous venons de vous réveiller aujourd’hui pour le bien de notre patrie, cette belle île se voit mutilée dans plusieurs de ses membres, son visage est défiguré par des marques d’infamie, la tige de ses rois est greffée sur d’ignobles sauvageons, et elle-même se voit presque entièrement ensevelie dans l’abîme profond de la honte et de l’oubli. C’est pour la sauver que nous venons vous solliciter ardemment, gracieux seigneur, de prendre sur vous le fardeau et le gouvernement de ce pays qui est le vôtre, non plus comme protecteur, régent, lieutenant, ou comme agent subalterne qui travaille pour le profit d’un autre, mais comme héritier qui a reçu de génération en génération les droits successifs à un empire qui vous appartient en propre. Voilà ce que, d’accord avec les citoyens, vos amis sincères et dévoués, et sur leurs ardentes sollicitations, je suis venu demander à Votre Grâce avec de légitimes instances.

Glocester. ― Je suis incertain, s’il convient mieux à