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York.― Vous voulez dire me porter, et non pas me supporter.― Mon oncle, mon frère se moque de vous et de moi. Parce que je suis aussi petit qu’un singe, il croit que vous pourriez me porter sur votre épaule.

Buckingham., à part.― Avec quelle finesse et quelle promptitude d’esprit il raisonne ! Pour adoucir le sarcasme qu’il lance à son oncle, il se raille lui-même avec toute sorte de grâce et d’adresse. Tant de malice à cet âge est une chose étonnante !

Glocester. ― Mon gracieux seigneur, voulez-vous continuer votre route ? Mon bon cousin Buckingham et moi, nous allons nous rendre auprès de votre mère pour la presser de venir vous trouver à la Tour et vous féliciter sur votre arrivée.

York.― Quoi ! vous voulez aller à la Tour, mon prince ?

Le Prince.― Milord protecteur dit qu’il le faut.

York.― Je ne dormirai pas tranquillement dans la Tour.

Glocester. ― Et pourquoi, mon ami ? Qu’y voyez-vous à craindre ?

York.― Vraiment, l’âme irritée de mon oncle Clarence. Ma grand’mère m’a dit qu’il y avait été assassiné.

Le Prince.― Je ne crains pas les oncles morts.

Glocester. ― Ni les vivants non plus, je m’en flatte.

Le Prince.― Oui, s’ils vivent, je n’ai, je l’espère, rien à craindre.― Mais marchons, milord : et, le cœur plein de tristesse, je vais, en songeant à eux, me rendre à la Tour.

(Sortent le prince, York, Hastings et le cardinal.)

Buckingham. ― Pensez-vous, milord, que ce petit babillard d’York n’ait pas été excité par son artificieuse mère à vous poursuivre de ses sarcasmes insultants ?

Glocester. ― Il n’y a pas de doute, il n’y a pas de doute. C’est un petit raisonneur, hardi, vif, spirituel, prompt et capable. C’est tout le portrait de sa mère, de la tête aux pieds.

Buckingham. ― Laissons-les pour ce qu’ils sont.― Approche, cher Catesby. Tu t’es engagé aussi fortement à exécuter les intentions que nous t’avons communiquées,