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transmis à la postérité, jusqu’au jour de la fin universelle.

Glocester., à part.― Des enfants si précoces et si sages, dit-on, ne vivent pas longtemps.

Le Prince.― Que dites-vous, mon oncle ?

Glocester. ― Je disais que, sans le secours des caractères, la renommée vit longtemps. (À part.) Ainsi, comme l’Iniquité personnifiée sur nos théâtres, je moralise avec des mots à double sens.

Le Prince.― Ce Jules César était un homme bien fameux ! Sa valeur a illustré son génie, et son génie a déposé dans ses écrits de quoi faire vivre sa valeur. La mort n’a pu faire de ce conquérant sa conquête, car il est encore vivant par la gloire, bien qu’il ait perdu la vie.― Je veux vous dire une chose, mon cousin Buckingham.

Buckingham. ― Quoi, mon gracieux seigneur ?

Le Prince.― Si j’atteins l’âge d’homme, je veux ou reconquérir nos anciens droits sur la France, ou mourir en soldat, comme j’aurai vécu en roi.

Glocester. ― Les courts étés ont eu ordinairement un printemps très-précoce.

(Entre York, Hastings et le cardinal.)

Buckingham. ― Ah ! voici le duc d’York qui vient comme nous l’avions désiré.

Le Prince.― Richard d’York, comment se porte notre cher frère ?

York.― Bien, mon redouté seigneur ; car c’est ainsi que je dois vous nommer désormais.

Le Prince.― Oui, mon frère, à notre grande douleur ainsi qu’à la vôtre : il est trop vrai qu’il vient de mourir celui qui eût dû plus longtemps conserver ce titre, auquel sa mort a ôté beaucoup de majesté.

Glocester. ― Comment se porte notre cousin le noble duc d’York ?

York.― Je vous remercie, cher oncle. Ô milord ! c’est vous qui avez dit que mauvaise herbe croît bien vite : le