Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée
196
HENRI VIII.

SURREY, à part. — Dieu fasse prospérer ce début. LE ROI HENRI. — N’ai-je pas fait de vous le premier homme de l’État ? Je vous prie, dites-moi, si ce que j’avance ici vous paraît vrai, et, si vous en convenez, dites-moi alors si vous devez m’être attaché ou non. Que répondez-vous ? WOLSEY. — Mon souverain, je confesse que vos grâces royales, répandues sur moi chaque jour, ont été au delà de ce que j’en pouvais payer par mes efforts les plus assidus ; cela aurait surpassé les forces de l’homme. Mes efforts, quoique toujours restés bien au-dessous de mes désirs, ont égalé toute l’étendue de mes facultés. Je n’ai de vues personnelles que celles qui peuvent tendre au bien de votre auguste personne, et à l’avantage de l’État. Quant aux grandes faveurs que vous avez accumulées sur moi, pauvre indigne que je suis, je ne puis vous rendre en retour que d’humbles actions de grâces, et mes prières au ciel pour vous, et ma loyale fidélité, qui a toujours augmenté et qui ne fera que croître de jour en jour, jusqu’à ce que l’hiver de la mort vienne la glacer. LE ROI HENRI. — Très-bien répondu. C’est par là que s’illustre un sujet loyal et soumis ; l’honneur de son attachement en est la récompense, comme l’infamie, s’il le trahit, en est la punition. Je présume que comme ma main s’est libéralement ouverte pour vous, que mon cœur vous a prodigué son affection, que ma puissance a fait pleuvoir les honneurs sur votre tête, plus que sur aucun autre de mes sujets, en retour vos mains, votre cœur, votre intelligeuce, et toutes les facultés de votre âme, devraient, indépendamment du devoir d’un sujet, m’appartenir à moi, votre ami, par un sentiment particulier, plus qu’à un autre. WOLSEY. — Je proteste ici que j’ai toujours travaillé pour les intérêts de Votre Majesté, beaucoup plus que pour les miens ; voilà ce que je suis, ce que j’ai été et ce que je serai, quand tous les autres briseraient les liens du devoir qui les attachent à vous, et qu’ils le rejetteraient de leur cœur ; quand les dangers m’environneraient, aussi nombreux que la pensée peut les imaginer,