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ACTE III, SCÈNE II.

puissions faire quelque chose contre lui, quoique ce moment-ci nous en offre l’occasion, j’en doute beaucoup. Si vous ne pouvez pas lui fermer l’accès auprès du roi, ne tentez jamais de l’attaquer ; car il y a, dans sa langue, un charme infernal qui maîtrise le roi. NORFOLK. — Oh ! cessez de le craindre, son charme est détruit. Le roi a trouvé contre lui des faits qui ont gâté pour jamais le miel de son langage. Non, il est enfoncé dans la disgrâce de manière à ne s’en relever jamais. SURREY. — Duc, ce serait une joie pour moi d’entendre le récit de ces nouvelles une fois par heure ! NORFOLK. — Croyez-moi, elles sont certaines. Ses doubles intrigues, dans l’affaire du divorce, sont découvertes ; et il s’y montre sous l’aspect que je pourrais souhaiter à mon ennemi. SURREY. — Et comment ses pratiques sont-elles parvenues à la lumière ? SUFFOLK. — De la manière la plus étrange. SURREY. — Oh ! comment, comment ? SUFFOLK. — La lettre que le cardinal écrivait au pape s’est égarée ; elle est venue sous les yeux du roi, qui y a lu comment le cardinal persuadait à Sa Sainteté de suspendre le jugement du divorce. « S’il avait lieu, disait-il, je m’aperçois que mon roi a le cœur pris d’amour pour une créature de la reine, lady Anne Boulen. » SURREY. — Le roi a lu cela ? SUFFOLK. — Vous pouvez en être sûr. SURREY. — Cela fera-t-il son effet ? LE CHAMBELLAN. — Le roi voit par quelle marche couverte et ondoyante il se dirige vers son but particulier ; mais, dans ce point, toutes ses mesures ont échoué, et il apporte le remède après la mort du malade. Le roi a déjà épousé cette belle. SURREY. — Je voudrais bien que cela fût vrai. SUFFOLK. — Puisse, milord, l’accomplissement de ce souhait faire votre bonheur ; car je puis vous assurer que la chose est ainsi. SURREY. — Oh ! que toute ma joie accompagne cette union !