Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée
190
HENRI VIII.

lords, et je vous en supplie, pardonnez-moi si je ne me suis pas conduite comme je l’aurais dû. Vous le savez, je suis une femme dépourvue de l’esprit nécessaire pour faire une réponse convenable à des hommes tels que vous. Je vous prie, portez mes hommages à Sa Majesté, il a encore mon cœur, et il aura mes prières, tant que ma vie m’appartiendra. Venez, vénérables prélats, gratifiez-moi de vos avis, elle vous les demande aujourd’hui celle qui ne songeait guère, lorsqu’elle mit les pieds dans cette cour, qu’elle dût un jour payer si cher ses grandeurs !

(Ils sortent.)

SCÈNE II

Une antichambre de l’appartement du roi.
Entrent LE DUC DE NORFOLK, LE DUC DE SUFFOLK, LE COMTE DE SURREY ET LE LORD CHAMBELLAN.

NORFOLK. — Si vous voulez maintenant unir vos plaintes, et les presser avec constance, il est impossible que le cardinal y résiste ; mais si vous négligez l’occasion que vous offrent les circonstances, je ne réponds pas que vous ne subissiez de nouvelles disgrâces, ajoutées à celles qui vous oppriment déjà. SURREY. — J’accueille avec joie la plus légère occasion que je puisse rencontrer de me venger de lui, en mémoire du duc, mon beau-père[1]. SUFFOLK. — Quel est celui des pairs qui ait échappé à ses affronts, ou du moins à la plus étrange négligence ? Quand a-t-il respecté en personne, si ce n’est en lui-même, le caractère de la dignité ? LE CHAMBELLAN. — Milords, vous parlez à votre gré ; ce qu’il mérite de vous et de moi, je le sais ; mais que nous

  1. Shakspeare a fait dans cette scène un double emploi du même personnage. Le duc de Surrey, gendre du duc de Buckingham, était à cette époque duc de Norfolk. Son père, le duc de Norfolk, que l’on voit paraître au commencement de la pièce, était mort en 1525, quatre ans avant la chute du cardinal.