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HENRI VIII.

croyez-moi, elle a été bien cruellement traitée ! Lord cardinal, le péché le plus volontaire que j’aie jamais commis peut s’absoudre en anglais. WOLSEY. — Noble dame, je suis fâché que mon intégrité et mon zèle pour servir Sa Majesté et vous fassent naître en vous de si graves soupçons, quand ils devraient produire la confiance. Nous ne venons point en accusateurs entacher cet honneur que bénit la bouche de tous les gens de bien, ni vous attirer traîtreusement aucun chagrin ; vous n’en avez que trop, vertueuse dame ! Mais nous venons savoir à quelles dispositions votre âme s’est arrêtée dans l’importante question qui s’est élevée entre vous et le roi, vous donner, en hommes honnêtes et libres de tout intérêt, notre opinion sincère, et les moyens consolants qui peuvent appuyer votre cause. CAMPEGGIO. — Ma très-honorée dame, milord d’York, suivant son noble caractère, et guidé par le zèle et le respect qu’il a toujours portés à Votre Grâce, oubliant, en homme de bien, la censure qui vous est dernièrement échappée contre sa personne et sa véracité, et que vraiment vous avez poussée trop loin, vous offre ainsi que moi, en signe de paix, ses services et ses conseils. CATHERINE, à part. — Pour me trahir ! — (Haut.) Milords, je vous rends grâces à tous deux de votre bonne volonté. Vous parlez comme des hommes de bien ; je prie Dieu que vous le soyez en effet. Mais en vérité je ne sais comment, avec le peu d’esprit que je possède, donner sur-le-champ, à des hommes de votre savoir et de votre gravité, une réponse sur un point de cette importance, et qui intéresse de si près mon honneur (et peut-être, je le crains, encore plus ma vie). J’étais à travailler avec mes filles, et je ne songeais guère, Dieu le sait, ni à une pareille visite ni à une pareille affaire. Au nom de ce que j’ai été (car je sens déjà la dernière crise de ma grandeur), mes bons seigneurs, laissez-moi du temps et le loisir de me procurer des avis, pour défendre ma cause : hélas ! je suis une femme, sans amis, sans espoir.