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ACTE II, SCÈNE II.

SCÈNE II

Une chambre du palais.
Entre LE LORD CHAMBELLAN lisant une lettre.

« Milord, j’avais mis tout le soin dont je suis capable à m’assurer que les chevaux que demandait Votre Seigneurie fussent bien choisis, bien dressés, et bien équipés. Ils étaient jeunes et beaux, et de la meilleure race du nord. Mais au moment où ils étaient prêts à partir pour Londres, un homme au service de milord cardinal, muni d’une commission et d’un plein pouvoir me les a enlevés, en me donnant pour raison que son maître devait être servi avant un sujet, si même il ne devait pas l’être avant le roi ; et cela nous a fermé la bouche, milord.» Je crains en effet que cela n’arrive bientôt.—A la bonne heure, qu’il les prenne ; il prendra tout, je crois.

(Entrent les ducs de Norfolk et de Suffolk.)

NORFOLK. — Charmé de vous rencontrer, mon bon lordb chambellan. LE CHAMBELLAN. — Je souhaite le bonjour à Vos Grâces. SUFFOLK. — Que fait le roi ? LE CHAMBELLAN. — Je l’ai laissé seul, plein de troubles et de tristes pensées. NORFOLK. — Quelle en est la cause ? LE CHAMBELLAN. — Il parait que son mariage avec la femme de son frère serre sa conscience de près. SUFFOLK. — Non, c’est sa conscience qui serre de trop près une autre femme. NORFOLK. — Précisément. C’est une œuvre du cardinal, du cardinal-roi. Ce prêtre, aveugle comme le fils aîné de la fortune, change les choses à son gré. Le roi apprendra un jour à le connaître. SUFFOLK. — Priez Dieu que cela arrive autrement il ne cessera jamais de se méconnaître. NORFOLK. — Qu’il agit saintement dans tout ce qu’il en-