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HENRI VIII.

avis d’un mal a venir, qui, s’il arrive, sera plus grand encore que celui-ci. PREMIER BOURGEOIS.—Que les bons anges nous en préservent ! Que voulez-vous dire ? Vous ne doutez pas de ma fidélité ? SECOND BOURGEOIS.— Ce secret est si important qu’il exige la plus inviolable promesse de secret. PREMIER BOURGEOIS.—Faites-m’en part : je ne suis pas bavard. SECOND BOURGEOIS.—J’en suis sûr. Vous allez le savoir. N’avez-vous pas entendu tout récemment murmurer quelque chose d’un divorce entre le roi et Catherine ? PREMIER BOURGEOIS.—Oui ; mais cela n’a pas duré ; car lorsque ce bruit est revenu au roi, dans son courroux il a envoyé ordre au lord maire de l’arrêter sur-le-champ, et de réprimer les langues qui avaient osé le répandre. SECOND BOURGEOIS.—Mais ce mauvais bruit, mon cher, est devenu depuis une vérité, et il se ranime plus vigoureusement que jamais : il paraît certain que le roi tentera ce divorce. C’est le cardinal, ou quelque autre de ceux qui l’approchent, qui, par haine contre notre bonne reine, ont jeté dans l’âme du roi un scrupule qui finira par la perdre ; et ce qui paraît confirmer ceci, c’est que le cardinal Campeggio est arrivé tout nouvellement, et, à ce que je présume, pour cette affaire. PREMIER BOURGEOIS.—C’est le cardinal et s’il machine tout cela, c’est uniquement pour se venger de l’empereur, qui ne lui a pas accordé l’archevêché de Tolède dont il avait fait la demande. SECOND BOURGEOIS.—Je crois que vous avez touché le but. Mais n’est-il pas cruel que cela retombe sur elle ?—Le cardinal viendra à ses fins ; il faut qu’elle soit sacrifiée. PREMIER BOURGEOIS.—Cela est déplorable !—Nous sommes dans un lieu trop public pour raisonner sur cette affaire allons y réfléchir en particulier.

(Ils sortent.)