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HENRI VIII.

échapper à la loi. L’avocat du roi a mis en avant les interrogatoires, les preuves et les dépositions de plusieurs témoins ; le duc a demandé d’être confronté à ces témoins, vivâ voce, sur quoi on a produit contre lui son intendant, sir Gilbert Peck son chancelier, John de la Cour, son confesseur, avec cet infernal moine Hopkins, qui a fait tout le mal. SECOND CITOYEN. — Était-ce le moine qui nourrissait son imagination de ses prophéties ? PREMIER BOURGEOIS. — Lui-même. Tous ces témoins l’ont fortement chargé ; il a fait ses efforts pour récuser leur témoignage ; mais cela ne lui a pas été possible ; en sorte que les pairs, sur ces preuves, l’ont déclaré convaincu de haute trahison ; il a parlé longtemps et savamment pour défendre sa vie ; mais tout cela n’a produit que de la pitié pour lui, ou n’a pas été écouté. SECOND BOURGEOIS. — Et ensuite, comment s’est-il comporté ? PREMIER BOURGEOIS. — Lorsqu’on l’a reconduit une seconde fois à la barre pour entendre le son de la cloche de mort, son jugement, il a été saisi d’une telle angoisse qu’on l’a vu couvert de sueur, et il a prononcé, d’un ton de colère et avec précipitation, quelques paroles assez peu intelligibles. — Mais bientôt il s’est remis et a montré, le reste du temps, de la douceur et la plus noble patience. SECOND BOURGEOIS. — Je ne crois pas qu’il ait peur de la mort. SECOND BOURGEOIS. — Certainement le cardinal est au fond de tout ceci. PREMIER BOURGEOIS. — Cela est vraisemblable d’après toutes les conjectures. D’abord on a disgracié Kilbare, vice-roi d’Irlande, et quand il a été destitué, le comte de Surrey a été envoyé à sa place, et en grande hâte, de peur qu’il ne fût à portée de secourir son père. SECOND BOURGEOIS. — C’est un tour de politique odieusement habile. PREMIER BOURGEOIS. — À son retour, n’en doutez pas, le comte de Surrey l’en fera repentir. On remarque, et cela généralement, que quiconque gagne la faveur du roi, le