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ACTE I, SCÈNE IV.

LE CHAMBELLAN.— Aimables dames, vous plaît-il de vous asseoir ? Sir Henri, placez-vous de ce côté.—Moi, j’aurai soin de celui-ci.—Sa Grâce va entrer.—Allons donc, il ne faut pas vous geler ; deux femmes l’une près de l’autre, il n’en peut sortir que du froid.—Milord Sands, vous êtes bon pour les tenir éveillées. Je vous prie, asseyez-vous entre ces deux dames. SANDS.—Oui, par ma foi, et j’en rends grâces à Votre Seigneurie.—Permettez, belles dames (il s’assied) s’il m’arrive de battre un peu la campagne, pardonnez-le moi ; je tiens cela de mon père. ANNE.—Est-ce qu’il était fou, milord ? SANDS.—Oh ! très-fou, excessivement fou, et surtout en amour ; mais il ne mordait personne : tenez, précisément comme je fais à présent, il vous aurait embrassée vingt fois en un clin d’œil.

(Il embrasse Anne Boulen.)

LE CHAMBELLAN.—A merveille, milord.—Allons, vous voilà tous bien placés.—Cavaliers, ce sera votre faute si ces belles dames s’en vont de mauvaise humeur. SANDS.—Quant à ma petite affaire, soyez en repos.

(Hautbois. Le cardinal Wolsey entre avec une suite et prend sa place.)

WOLSEY.—Vous êtes les bienvenus, mes aimables convives. Toute noble dame ou tout cavalier qui ne se réjouira pas de tout son cœur n’est pas de mes amis. Et pour gage de mon accueil, à votre santé à tous.

(Il boit.)

SANDS.—Votre Grâce en use noblement.—Si l’on veut me donner un gobelet de taille à contenir tous mes remerciments, ce sera toujours autant de paroles épargnées. WOLSEY.—Milord Sands, je vous suis redevable. Allons, égayez vos voisines.—Eh bien, mesdames, vous n’êtes pas gaies ?—Cavaliers, à qui donc la faute ? SANDS.—Il faut auparavant, milord, que le vin rouge soit monté dans leurs jolies joues ; et alors vous les entendrez parler jusqu’à nous faire taire. ANNE.—Vous êtes un joyeux voisin, milord Sands.