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HENRI VIII.


prie, ayez soin que cela soit fait ; je vous en charge. WOLSEY, à son secrétaire.—Approchez, j’ai à vous parler.—Écrivez au nom du roi, dans tous les comtés, des lettres de grâce et de pardon. Les communes grevées ont mauvaise idée de moi ; faites courir le bruit que c’est à notre intercession qu’elles doivent la révocation de l’impôt et leur pardon. Je vous donnerai, dans un moment, des instructions ultérieures sur toute cette affaire.

(Le secrétaire sort.)
(Entre l’intendant du duc de Buckingham.)

CATHERINE.—Je suis affligée que le duc de Buckingham ait encouru votre disgrâce. LE ROI HENRI.—Cela afflige beaucoup de gens. Ce gentilhomme est instruit, doué d’un rare talent pour la parole ; personne ne doit plus que lui à la nature ; ses connaissances sont si grandes qu’il peut éclairer et instruire les plus savants, sans avoir jamais besoin pour lui-même du secours des autres. Et voyez, cependant, quand ces nobles avantages sont mal employés, comment l’âme venant à se corrompre, ils ne se montrent plus que sous une forme vicieuse, plus hideux dix fois qu’ils ne furent jamais beaux. Cet homme si accompli, qu’on avait compté au rang des prodiges, qui, lorsque nous l’écoutions avec une sorte de ravissement, nous faisait passer les heures comme les minutes ; cet homme madame, a changé en de monstrueuses habitudes les mérites qu’il possédait jadis, et il est devenu aussi noir que s’il avait été trempé dans l’enfer. — Prenez place à côté de nous (cet homme avait sa confiance), et l’on vous apprendra, sur son compte, des choses à frapper de tristesse tout homme d’honneur. Ordonnez-lui de redire les pratiques dont il a déjà fait le récit, et que nous ne saurions vouloir repousser trop loin et éclairer de trop près. WOLSEY.— Avancez, et racontez hardiment tout ce qu’en sujet vigilant, vous avez recueilli sur le duc de Buckingham. LE ROI HENRI.— Parle librement. L’INTENDANT.—D’abord, il lui était ordinaire de ne pas passer un jour sans mêler à ses discours ce propos crimi-