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Le roi Richard. ― Oui, si le souvenir de ce que vous êtes vous nuit à vous-même.

Élisabeth. ― Mais tu as assassiné mes fils.

Le roi Richard. ― Mais je les ensevelis dans le sein de votre fille, et dans ce nid brûlant ils renaîtront de leurs cendres, pour votre consolation et votre félicité.

Élisabeth. ― Irai-je presser ma fille de céder à tes désirs ?

Le roi Richard. ― Oui, et par là devenez une heureuse mère.

Élisabeth. ― Eh bien, j’y vais.― Écris-moi une lettre très-courte, et tu connaîtras par moi ses sentiments.

Le roi Richard. ― Portez-lui le baiser de mon tendre amour ; adieu. (Il l’embrasse ; Élisabeth sort.) Ô femme imbécile, légère, changeante et prompte à pardonner ! (Entrent Ratcliff et ensuite Catesby.) Eh bien, quelles nouvelles ?

Ratcliff. ― Très-puissant souverain, une flotte redoutable paraît sur la côte occidentale. Sur le rivage accourent une foule d’amis douteux, au cœur dissimulé, sans armes, et ne paraissant pas disposés à s’opposer à la descente des ennemis. On croit que Richmond est l’amiral de la flotte, et qu’ils longent la côte, en attendant que Buckingham vienne leur prêter son appui, et les recevoir sur le rivage.

Le roi Richard. ― Que quelque ami rapide dans sa course se rende promptement auprès du duc de Norfolk. Ratcliff, que ce soit toi,…. ou Catesby : où est-il ?

Catesby. ― Ici, mon bon seigneur.

Le roi Richard. ― Catesby, vole vers le duc.

Catesby. ― Je pars, seigneur, avec toute la célérité possible.

Le roi Richard. ― Ratcliff, approche : cours à Salisbury, et quand tu reviendras…. (À Catesby.) Traître d’imbécile, pourquoi restes-tu là au lieu d’aller trouver le duc ?

Catesby. ― Dites-moi d’abord, mon souverain, les ordres de Votre Majesté ; que veut-elle que je dise au duc ?

Le roi Richard. ― Oh ! tu as raison, bon Catesby.― Dis-lui de lever sur-le-champ la plus forte armée qu’il pourra