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êtes à présent ! Il n’y a pas d’autre parti que d’aller déclarer au roi qu’elle est un enfant changé au berceau, et point du tout de votre chair et de votre sang.

LE BERGER.—Mais, écoute-moi.

LE FILS.—Mais, écoutez-moi.

LE BERGER.—Allons, continue donc.

LE FILS.—Dès qu’elle n’est point de votre chair et de votre sang, votre chair et votre sang n’ont point offensé le roi ; et alors votre chair et votre sang ne doivent pas être punis par lui. Montrez ces effets que vous avez trouvés autour d’elle, ces choses secrètes, tout, excepté ce qu’elle a sur elle ; et cela une fois fait, laissez siffler la loi, je vous le garantis.

LE BERGER.—Je dirai tout au roi ; oui, chaque mot, et les folies de son fils aussi, qui, je puis bien le dire, n’est point un honnête homme, ni envers son père, ni envers moi, d’aller se jouer à me faire le beau-frère du roi.

LE FILS.—En effet, beau-frère était le degré le plus éloigné auquel vous pussiez parvenir, et alors votre sang serait devenu plus cher je ne sais pas de combien l’once.

AUTOLYCUS, toujours à l’écart.—Bien dit… Idiot !

LE BERGER.—Allons, allons trouver le roi : il y a dans le petit paquet de quoi lui faire se gratter la barbe.

AUTOLYCUS.—Je ne vois pas trop quel obstacle cette plainte peut mettre à l’évasion de mon maître.

LE FILS.—Priez le ciel qu’il soit au palais.

AUTOLYCUS.—Quoique je ne sois pas honnête de mon naturel, je le suis cependant quelquefois par hasard.—Mettons dans ma poche cette barbe de colporteur. (Il s’avance auprès des deux bergers.) Eh bien ! villageois, où allez-vous ainsi ?

LE BERGER.—Au palais, si Votre Seigneurie le permet.

AUTOLYCUS.—Vos affaires, là, quelles sont-elles ? Avec qui ? Déclarez-moi ce que c’est que ce paquet, le lieu de votre demeure, vos noms, vos âges, votre avoir, votre éducation, en un mot tout ce qu’il importe qui soit connu ?

LE FILS.—Nous ne sommes que des gens tout unis, monsieur.