LE FILS DU BERGER.—Nous chanterons tout à l’heure cette chanson à notre aise.—Mon père et nos hôtes sont en conversation sérieuse, et il ne faut pas les troubler ; allons, apporte ta balle et suis-moi. Jeunes filles, j’achèterai pour vous deux.—Colporteur, ayons d’abord le premier choix.—Suivez-moi, mes belles.
AUTOLYCUS, à part.—Et vous payerez bien pour elles.
(Il chante.)
Voulez-vous acheter du ruban,
Ou de la dentelle pour votre pèlerine,
Ma jolie poulette, ma mignonne ?
Ou de la soie, ou du fil,
Quelques jolis colifichets pour votre tête,
Des plus beaux, des plus nouveaux, des plus élégants ?
Venez au colporteur ;
L’argent est un touche à tout
Qui fait sortir les marchandises de tout le monde.
(Le jeune berger, Dorcas et Mopsa sortent ensemble pour choisir et acheter ; Autolycus les suit.)
(Entre un valet.)
LE VALET.—Maître, il y a trois charretiers, trois bergers, trois chevriers, trois gardeurs de pourceaux qui se sont tous faits des hommes à poil : ils se nomment eux-mêmes des saltières[1], et ils ont une danse qui est, disent les filles, comme une galimafrée de gambades, parce qu’elles n’en sont pas ; mais elles ont elles-mêmes dans l’idée qu’elle plaira infiniment, pourvu qu’elle ne soit pas trop rude pour ceux qui ne connaissent que le jeu de boules.
LE BERGER.—Laisse-nous ; nous ne voulons point de leur danse ; on n’a déjà que trop folâtré ici.—Je sais, monsieur, que nous vous fatiguons.
POLIXÈNE.—Vous fatiguez ceux qui nous délassent ; je vous prie, voyons ces quatre trios de gardeurs de troupeaux.
LE VALET.—Il y en a trois d’entre eux, monsieur, qui, suivant ce qu’ils racontent, ont dansé devant le roi ; et
- ↑ Saltières pour satyres.