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Scène II

Un chemin près de la chaumière du berger.

AUTOLYCUS entre en chantant.

Quand les narcisses commencent à se montrer,
Oh ! eh ! la jeune fille danse dans les vallons :
Alors commence la plus douce saison de l’année.
Tout se colore dans les domaines de l’hiver[1].
La toile blanchit étendue sur la haie ;
Oh ! eh ! les tendres oiseaux ! comme ils chantent !
Cela aiguise mes dents voraces ;
Un quart de bière est un mets de roi.
L’alouette joyeuse qui chante tira lira,
Eh ! oh ! oh ! eh ! la grive et le geai
Sont des chants d’été pour moi et pour mes tantes[2],
Lorsque nous nous roulons sur le foin.


J’ai servi le prince Florizel, et dans mon temps j’ai porté du velours. Aujourd’hui je suis hors de service.

Mais irai-je me lamenter pour cela, ma chère ?
La pâle lune luit pendant la nuit ;
Et lorsque j’erre çà et là,
C’est alors que je vais le plus droit.
S’il est permis aux chaudronniers de vivre
Et de porter leur malle couverte de peau de cochon
Je puis bien rendre mes comptes
Et les certifier dans les ceps.

Mon trafic, c’est les draps. Là où le milan bâtit son nid, veillez sur votre menu linge. Mon père m’a nommé Autolycus ; et étant, comme je le suis, entré dans ce monde sous la planète de Mercure, j’ai été destiné à

  1. Il y a sans doute ici une antithèse entre les mots red et pale, rouge et pâle : mais pale, par l’arrangement des mots, n’est pas adjectif comme l’a cru Letourneur, et veut dire le giron ; winter’s pale, le giron de l’hiver, les domaines de l’hiver.
  2. Aunt, dans le jargon des mauvais lieux, voulait dire la maîtresse de la maison.