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L’OFFICIER.—Oui, seigneur, telle qu’elle est ici couchée par écrit.

LÉONTES.—Il n’y a pas un mot de vérité dans tout cet oracle : le procès continuera ; tout cela est pure fausseté.

(Un page entre avec précipitation.)

LE PAGE.—Mon seigneur le roi, le roi !

LÉONTES.—De quoi s’agit-il ?

LE PAGE.—Ah ! seigneur, vous allez me haïr pour la nouvelle que j’apporte. Le prince, votre fils, par l’idée seule et par la crainte du jugement de la reine, est parti[1].

LÉONTES.—Comment, parti ?

LE PAGE.—Est mort.

LÉONTES.—Apollon est courroucé, et le ciel même se déchaîne contre mon injustice.—Eh ! qu’a-t-elle donc ?

(La reine s’évanouit.)

PAULINE.—Cette nouvelle est mortelle pour la reine.—Abaissez vos regards, et voyez ce que fait la mort.

LÉONTES.—Emmenez-la d’ici ; son cœur n’est qu’accablé, elle reviendra à elle.—J’en ai trop cru mes propres soupçons. Je vous en conjure, administrez-lui avec tendresse quelques remèdes qui la ramènent à la vie.—Apollon, pardonne à ma sacrilége profanation de ton oracle ! (Pauline et les dames emportent Hermione.) Je veux me réconcilier avec Polixène ; je veux faire de nouveau ma cour à ma reine ; rappeler l’honnête Camillo, que je déclare être un homme d’honneur, et d’une âme généreuse ; car, poussé par ma jalousie à des idées de vengeance et de meurtre, j’ai choisi Camillo pour en être l’instrument, et pour empoisonner mon ami Polixène ; ce qui aurait été fait, si l’âme vertueuse de Camillo n’avait mis des retards à l’exécution de ma rapide volonté. Quoique je l’eusse menacé de la mort s’il ne le faisait pas, et encouragé par l’appât de la récompense s’il le faisait, lui, plein d’humanité et d’honneur, est allé dévoiler mon projet à mon royal hôte ; il a abandonné tous les biens qu’il possède ici, que vous savez être considérables, et il

  1. C’est le vixit des Latins.