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agera l’avantage de la fortune que nous retrouvons, selon la mesure de sa condition. En attendant, oublions cette dignité qui vient de nous écheoir, et livrons-nous à nos divertissements rustiques.—Jouez, musiciens. Et vous mariés et mariées, suivez la mesure de la musique, puisque votre mesure de joie est comble.

JACQUES, à Jacques des Bois.—Monsieur, avec votre permission, si je vous ai bien entendu, le duc a embrassé la vie religieuse, et rejeté avec dédain le faste des cours ?

JACQUES DES BOIS.—Oui, monsieur.

JACQUES.—Je veux aller le trouver. Il y a beaucoup à apprendre et à profiter avec ces convertis. (Au duc.) Je vous lègue, à vous, vos anciennes dignités : votre patience et vos vertus les méritent. (A Orlando.) À vous, l’amour que mérite votre foi sincère. (A Olivier.) À vous, vos terres, la tendresse d’une épouse, et des alliés illustres. (A Sylvius.) À vous, un lit longtemps attendu et bien mérité. (A Touchstone.) Et vous, je vous lègue les disputes ; car vous n’avez, pour votre voyage d’amour, de provisions que pour deux mois.—Ainsi, allez à vos plaisirs. Pour moi, il m’en faut d’autres que celui de la danse.

LE VIEUX DUC.—Arrête, Jacques ; reste avec nous.

JACQUES.—Moi, je ne reste point pour de frivoles passe-temps. J’irai vous attendre dans votre grotte abandonnée, pour savoir ce que vous voulez.

(Il sort.)

LE VIEUX DUC, aux musiciens.—Poursuivez, poursuivez ; nous allons commencer cette cérémonie, comme nous avons la confiance qu’elle se terminera, dans les transports d’une joie pure.

(Danse.)

ÉPILOGUE.

ROSALINDE.—Vous n’avez pas coutume de voir l’Épilogue habillé en femme, mais cela n’est pas plus mal séant, que de voir le Prologue en habit d’homme. Si le proverbe est vrai, que le bon vin n’a pas besoin d’enseigne, il est également vrai qu’une bonne pièce n’a pas besoin d’épilogue. Cependant on annonce le bon vin par de bonnes enseignes ; et les bonnes pièces paraissent encore