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vos deux cœurs ! Comme l’époux et l’épouse, quoique deux êtres séparés, n’en font plus qu’un par l’amour, qu’il règne de même entre la France et l’Angleterre une si parfaite union, que jamais aucun acte malfaisant ne l’altère. Que la cruelle jalousie, qui trouble trop souvent la couche des mariages fortunés, ne vienne jamais se glisser dans le pacte de ces royaumes, pour les désunir par un divorce fatal ! que l’Anglais accueille le Français en Anglais, et le Français l’Anglais en Français ! — Dieu exauce ce vœu !

tous ensemble. — Qu’il l’exauce !

Le roi. — Préparons-nous pour notre hymen. — Ce jour, duc de Bourgogne, sera celui où nous recevrons votre serment et celui de tous les pairs pour garants de notre union : ensuite je jurerai ma foi à Catherine (s’adressant à elle), et vous me jurerez la vôtre. Et puissent tous nos serments être fidèlement gardés et suivis du bonheur !

Le Chœur. — Jusqu’ici au moyen d’une plume grossière et inhabile notre noble auteur a poursuivi son histoire. Courbé sous le poids de sa tâche, obligé de resserrer dans un champ étroit les plus grands personnages, et de ne montrer que par intervalles quelques points du cours de leur gloire, il demande votre indulgence. Henri, cet astre de l’Angleterre, n’a vécu que peu de jours ; mais ce court espace, il l’a rempli d’une gloire immense. La Fortune avait forgé l’épée avec laquelle il conquit le plus beau jardin de l’univers, dont il laissa son fils le maître souverain. Henri VI, couronné dans les langes de l’enfance roi de France et de l’Angleterre, monta après lui sur le trône ; mais tant de mains embarrassèrent les rênes de son gouvernement, qu’elles laissèrent échapper la France, et firent couler le sang de l’Angleterre. Nous vous avons souvent offert ces tableaux sur notre théâtre : daignez donc faire à celui-ci un accueil favorable[1].

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.

  1. Il y eut une pièce composée sur le même sujet (Henri V) vers le temps de Shakspeare, mais on ne sait pas positivement si elle parut avant ou après son Henri V. Il paraît cependant assez probable qu’elle est antérieure. Cette pièce anonyme est fort courte et très-médiocre.