Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

sorte de conscience extérieure, qui nous prêche notre devoir : elle nous avertit de nous bien préparer pour notre but. C’est ainsi que l’homme peut cueillir du miel sur la ronce la plus sauvage, et tirer une morale de l’enfer lui-même. (Entre Erpingham.) Bonjour, vieux sir Thomas Erpingham ; un bon coussin pour cette tête à cheveux blancs te siérait mieux que l’aride gazon de France.

Erpingham. — Non, mon souverain : cette tente me plaît davantage, puisque je puis dire : je suis couché comme un roi.

Le roi. — Il est bon que l’homme apprenne de l’exemple d’autrui à chérir ses peines : cela soulage l’âme ; et quand le cœur est excité, les organes, quoique morts auparavant, brisent le tombeau qui les enterre, et, débarrassés de leur lenteur, se meuvent de nouveau avec une vive légèreté. Prête-moi ton manteau, sir Thomas. (A Bedford et Glocester.) Mes deux frères, recommandez-moi aux princes qui sont dans notre camp : saluez-les de ma part, et dites-leur de se rendre, sans délai, dans ma tente.

Glocester. — Nous le ferons, mon souverain.

Erpingham. — Suivrai-je Votre Majesté ?

Le roi. — Non, mon brave chevalier. Va, avec mes frères, trouver les lords d’Angleterre : nous avons, mon âme et moi, quelque chose à débattre ensemble, et je serai bien aise d’être seul.

Erpingham. — Que le Dieu des cieux vous comble de ses bénédictions, noble Henri !

Le roi. — Grand merci, cœur fidèle ; tes paroles rendent l’assurance.

(Ils sortent.) (Entre Pistol.)

Pistol. — Qui va là ?

Le roi. — Ami.

Pistol. — Raisonne un peu avec moi. Es-tu officier, ou es-tu d’extraction basse et populaire ?

Le roi. — Je suis officier dans une compagnie.

Pistol. — Portes-tu la pique guerrière ?