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thèse aussi bien qu’aucun militaire dans le monde, sur les disciplines des anciennes guerres des Romains.

Jamy. — Je vous donne le bonjour, capitaine Fluellen.

Fluellen. — Bonjour à Votre Seigneurie, bon capitaine Jamy.

Gower. — Oh çà ! capitaine Macmorris, venez-vous des mines ? Les pionniers ont-ils fini ?

Macmorris. — Par Jésus, ça ne vaut pas le diable. L’ouvrage est abandonné, la trompette sonnant la retraite ; par ma main que voilà, et par l’âme de mon père, je jure que l’ouvrage ne vaut rien. On y a renoncé, sans quoi j’aurais fait sauter la ville, Dieu me pardonne ! en moins d’une heure. Oh ! c’est fort mal fait, c’est fort mal fait : par ce bras ! c’est mal fait.

Fluellen. — Capitaine Macmorris, je vous en prie, voudriez-vous bien m’accorder, voyez-vous, quelques petits colloques avec vous, comme qui dirait, pour ainsi dire, touchant, ou comme à l’égard des disciplines de la guerre, les guerres des Romains, par manière de conversation, voyez-vous, et de pure communication d’amitié ; et comme qui dirait, pour ainsi dire, pour la satisfaction de mon esprit. Pour à l’égard de ce qui concerne les règles de la discipline militaire, voilà le point….

Jamy. — De bonne foi ce sera la meilleure chose du monde, mes bons capitaines, et je m’en vais profiter de cette occasion pour prendre congé de vous, avec votre permission.

Macmorris. — Ce n’est pas ici le temps de discourir, Dieu me pardonne ! Le jour est chaud, et le temps, et la guerre, et le roi, et les ducs : ce n’est pas là le temps de discourir : la ville est assiégée, et la trompette nous appelle à la brèche, et nous voilà à causer. Et par le Christ, nous ne faisons rien ; c’est honteux à nous tous tant que nous sommes : Dieu me pardonne ! C’est une honte de rester tranquilles, c’est une honte, je le jure ; et il y a tant de gorges à couper et d’ouvrages à faire ; et il n’y a rien de fait, le Christ me pardonne !

Jamy. — Par la sainte messe, avant que ces yeux-là que vous voyez soient assoupis, je ferai de la bonne ouvrage,