Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/137

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Cantorbéry. — Cela est vrai : aussi le ciel a divisé l’économie de l’homme en fonctions diverses ; toutes ses parties, dans un effort continuel, tendent à un but commun, l’obéissance : ainsi travaillent les abeilles, créatures qui, servant d’exemple dans la nature, enseignent l’art de l’ordre à un royaume peuplé. Elles ont un roi et des officiers de différente espèce : les uns, magistrats, punissent à l’intérieur ; d’autres, comme les commerçants, se hasardent au loin ; d’autres, comme les soldats, armés de leurs dards, butinent sur les boutons veloutés du printemps, et, chargés de leurs larcins, reviennent d’un pas joyeux à la tente de leur empereur. Lui, dans son active majesté, surveille les maçons bourdonnants qui construisent les lambris d’or, les citoyens qui pétrissent le miel, le peuple d’artisans qui arrivent en foule, et déposent à la porte étroite de l’État leurs précieux fardeaux ; et la justice, à l’œil sévère, au chant maussade, livre aux pâles exécuteurs les paresseux qui bâillent mollement. — Voici ma conclusion. — Que plusieurs parties qui ont un rapport direct vers un centre commun peuvent agir en sens contraires, comme plusieurs flèches, lancées de points différents, volent vers un seul but, comme plusieurs rues se mêlent dans une ville ; comme plusieurs eaux limpides se confondent dans une mer ; comme plusieurs lignes se rejoignent dans le centre d’un cadran : de même un millier d’entreprises, toutes sur pied à la fois, peuvent aboutir à une même fin, et marcher toutes de front, sans que l’une souffre de l’autre : ainsi, mon souverain, en France ! Partagez votre heureuse nation en quatre portions ; prenez-en une pour la France ; elle vous suffira pour ébranler toute la Gaule : et nous, si avec les trois autres quarts de nos forces restés dans le sein du royaume nous ne pouvons pas défendre nos portes contre les chiens, puissions-nous être maltraités, et que notre nation perde à jamais sa réputation de courage et de sagesse.

Le roi. — Qu’on introduise les ambassadeurs envoyés de la part du dauphin. (Un seigneur de la suite sort. Le roi monte sur son trône.) Notre résolution est bien prise, et