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ractère violent du duc, combien il est inébranlable et obstiné dans ses propres idées.

Lear. – Vengeance, peste, mort, confusion ! — Violent ? Qu’est-ce que c’est que cela ? — Allons ? — Glocester, Glocester, je voudrais parler au duc de Cornouailles et à sa femme.

Glocester. – Eh ! mon bon seigneur, je viens de les en informer.

Lear. – Les en informer ? Me comprends-tu, homme ?

Glocester. – Oui, mon bon seigneur.

Lear. – Le roi voudrait parler à Cornouailles. Le père chéri voudrait parler à sa fille ; il exige d’elle son obéissance. Sont-ils informés de cela ? — Par mon sang et ma vie ! violent ? le duc violent ? dites à ce duc si colère.. – Mais non, pas encore ; il se pourrait qu’il fût indisposé. La maladie a toujours négligé tous les devoirs auxquels est soumise la santé : nous ne sommes plus nous-mêmes quand la nature accablée commande à l’âme de souffrir avec le corps. Je veux me calmer, et j’ai à me reprocher, dans l’impétuosité de ma volonté, d’avoir pris un état d’indisposition et de maladie pour l’homme en santé, pour une complète santé. Malédiction sur mon état ! — Mais pourquoi est-il là ? Montrant Kent. — Une telle action me donne lieu de penser que ce départ du duc et d’elle est un subterfuge – Rendez-moi mon serviteur – Va, dis au duc et à sa femme que je veux leur parler à présent, à l’heure même – Ordonne-leur de sortir et de venir m’entendre ; ou bien je vais battre la caisse à la porte de leur chambre, jusqu’à ce qu’elle réponde : Endormis dans la mort.

Glocester. – Je voudrais voir la bonne intelligence entre vous.

Il sort.

Lear. – Oh !… las ! ô mon cœur ! comme mon cœur se soulève !… mais à bas !

Le fou. – Il faut lui dire, noncle, comme la cuisinière aux anguilles qu’elle mettait vivantes dans