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Scène II

Même lieu.

Léonin rentre.

Léonin : Ces bandits servent sous le grand pirate Valdès, et ils se sont emparés de Marina. Laissons-la aller. Il n’y a pas d’apparence qu’elle revienne. Je jurerai qu’elle est tuée et précipitée dans la mer. Mais voyons encore un peu : peut-être ils se contenteront de satisfaire leur brutalité sur elle, sans l’emmener. S’ils la laissent après l’avoir outragée, il faut que je la tue.

(Il sort.)


Scène III

Mitylène. Appartement dans un mauvais lieu.

Entrent le Maître de la maison, sa Femme et Boult.

Le Maître de la maison : Boult !

Boult : Monsieur.

Le Maître : Cherche avec soin dans le marché ; Mitylène est plein de galants : nous avons perdu trop d’argent, l’autre foire, pour avoir manqué de filles.

La Femme : Nous n’avons jamais été aussi mal montés : nous n’avons que trois pauvres diablesses, elles ne peuvent que ce qu’elles peuvent ; et, à force de servir, elles tombent en pourriture, ou peu s’en faut.

Le Maître : Il nous en faut donc de fraîches, coûte que coûte. Il faut avoir de la conscience dans tous les états, sans quoi on ne prospère pas.

La Femme : Tu dis vrai : il ne suffit pas d’élever de pauvres bâtardes ; et j’en ai élevé, je crois, jusqu’à onze…

Boult : Oui, jusqu’à onze ans, et pour les abaisser après ; mais j’irai chercher au marché.

La Femme : Sans doute, mon garçon ; la cochonnerie