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Cérimon : Jamais je n’ai senti un plus doux parfum. Allons, dépêchons. Ô Dieu tout-puissant ! - Que vois-je ? un cadavre !

Premier Éphésien : Chose étrange !

Cérimon : Il est enveloppé d’un riche linceul et de sacs pleins de parfums. Un écrit ! Apollon, rends-moi habile à lire. (Il déroule un écrit et lit.) « Je donne à connaître, si jamais ce cercueil touche à terre, qu’il contient une reine plus précieuse que tout l’or du monde, et quelle a été perdue par moi, roi Périclès. Que celui qui la trouvera, lui donne la sépulture ! Elle fut la fille d’un roi : les dieux récompenseront sa charité : ce trésor lui appartient. » Si tu vis, Périclès, ton cœur est déchiré de douleur. Ce cercueil a été fait cette nuit.

Second Éphésien : Probablement, seigneur.

Cérimon : C’est sûrement cette nuit ; car, voyez cet air de fraîcheur. Ils ont été des barbares, ceux qui ont jeté cette femme à la mer ! Allumez du feu ; apportez ici toutes les boîtes de mon cabinet. La mort peut usurper l’empire de la nature pendant quelques heures, et le feu de la vie rallumer encore les sens assoupis. J’ai entendu parler d’un Égyptien qui passa pour mort pendant neuf heures, et qui, à force de soins, revint à la vie. (Un valet entre avec des boîtes, du linge et du feu.) Très-bien : du feu et du linge. Je vous prie, faites entendre un air de musique, quelque rudes que soient vos instruments. Ah ! tu remues, corps insensible ! -Ici la musique. Je vous prie, encore un air. Seigneurs, cette reine est vivante. La nature se réveille. Une douce chaleur s’en exhale : il n’y a pas plus de cinq heures qu’elle est dans cet état. Voyez comme la fleur de la vie s’épanouit de nouveau en elle !

Premier Éphésien : Le ciel, seigneur, vous a choisi pour nous étonner par ses prodiges : votre réputation est éternelle.

Cérimon : Elle vit : voyez ; ses paupières, qui couvraient ces célestes bijoux perdus par Périclès, commen-