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Simonide : Traître, tu mens.

Périclès : Traître !

Simonide : Oui, traître.

Périclès : À tout autre qu’au roi, je répondrais qu’il en a menti par la gorge.

Simonide, à part : J’atteste les dieux que j’applaudis à son courage.

Périclès : Mes actions sont aussi nobles que mes pensées qui n’eurent jamais rien de bas. Je suis venu dans votre cour pour la cause de l’honneur, et non pour y être un rebelle ; et quiconque dira le contraire, je lui ferai voir par cette épée qu’il est l’ennemi de l’honneur.

Simonide, à part : Non ! -Voici ma fille qui portera témoignage.

(Entre Thaïsa.)

Périclès : Vous qui êtes aussi vertueuse que belle, dites à votre père couronné si jamais ma langue a sollicité ou si ma main a rien écrit qui sentit l’amour.

Thaisa : Quand vous l’auriez fait, seigneur, qui s’offenserait de ce qui me rendrait heureuse ?

Simonide : Ah ! madame, vous êtes si décidée ? J’en suis charmé (à part). Je vous dompterai. Voulez-vous sans mon consentement aimer un étranger ? (à part). Qui, ma foi, est peut-être mon égal par le sang. Écoutez-moi bien, madame, préparez-vous à m’obéir ; et vous, seigneur, écoutez aussi… Ou soyez-moi soumis, ou je vous… marie. Allons, venez, vos mains et vos actes doivent sceller ce pacte : c’est en les réunissant que je détruis vos espérances ; et, pour votre plus grand malheur, Dieu vous comble de ses joies. Quoi, vous êtes contente ?

Thaisa, à Périclès : Oui, si vous m’aimez, seigneur.

Périclès : Autant que ma vie aime le sang qui l’entretient.

Simonide : Quoi, vous voilà d’accord ?

Tous deux : Oui, s’il plaît à Votre Majesté.

Simonide : Cela me plaît si fort que je veux vous marier ; allez donc le plus tôt possible vous mettre au lit.

Fin du second acte.