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vous, votre affaire est faite dans ce monde, et tout complot cesse – Que la fortune vous soit amie !

Albanie. – Attends que j’aie lu cette lettre.

Edgar. – On me l’a défendu. Quand il en sera temps, que le héraut m’appelle, et je reparaîtrai.

Albanie. – Soit, adieu, je lirai ce papier.

Edgar sort. Rentre Edmond.

Edmond. – L’ennemi est en vue ; préparez vos forces. Voici un aperçu pris avec soin du nombre et des moyens de nos ennemis : mais on vous demande de vous hâter.

Albanie. – Nous serons prêts à temps.

Il sort.

Edmond. – J’ai juré à ces deux sœurs que je les aimais : elles sont en méfiance l’une avec l’autre, comme l’est de la vipère celui qu’elle a mordu. Laquelle des deux prendrai-je ? Toutes les deux ? l’une des deux ? Ni l’une ni l’autre ? — Tant qu’elles seront toutes les deux en vie, je ne puis posséder ni l’une ni l’autre – Prendre la veuve, c’est rendre furieuse sa sœur Gonerille ; et le mari de celle-ci vivant, j’aurai de la peine à me maintenir. Commençons toujours par nous servir de son appui dans le combat ; et, après, que celle qui a tant d’envie de se débarrasser de lui trouve les moyens de l’expédier promptement – Quant à ses projets de clémence pour Lear et Cordélia, la bataille finie…. et eux entre nos mains, ils ne verront pas son pardon : mon rôle à moi est de me tenir sur la défensive, et non de discuter.

Il sort.



Scène II

Un espace entre les deux camps. Bruits de combat. Lear et Cordélia et leurs troupes entrent et sortent avec enseignes et tambours. Entrent Edgar et Glocester.

Edgar. – Vieux père, prenez ici l’hospitalité que vous offre l’ombrage de cet arbre ; priez le ciel que la bonne