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HERMIA. — Je vous en conjure, dites-moi alors qu’il se porte bien.

DÉMÉTRIUS. — Si je pouvais vous l’assurer, que gagnerais-je à vous le dire ?

HERMIA. — Le privilége de ne plus me revoir jamais.—Et je fuis à l’instant ta présence abhorrée : ne me recherche plus qu’il soit mort, ou vivant. (Elle s’en va.)

DÉMÉTRIUS. — Il est inutile de vouloir la suivre dans cet accès de courroux. Je vais donc me reposer ici quelques moments. Ainsi, le poids du chagrin devient plus accablant encore, lorsque le sommeil insolvable refuse de lui payer sa dette ; peut-être en ce moment s’acquittera-t-il quelque peu envers moi, si je fais ici quelque séjour pour attendre sa complaisance. (Il se couche.)

OBERON. — Qu’as-tu fait ? Tu t’es complétement mépris, et tu as placé le philtre d’amour sur les yeux d’un amant fidèle. Ainsi, l’effet nécessaire de ta méprise est de changer un amour sincère en amour perfide, et non pas un amour perfide en un amour sincère.

PUCK. — C’est le destin qui gouverne les événements, et qui fait que, pour un amant qui garde sa foi, un million d’autres la violent, et entassent parjures sur parjures.

OBERON. — Va, parcours le bois plus vite que le vent, et vois à découvrir Hélène d’Athènes : elle est toute malade d’amour, et pâle, épuisée de soupirs brûlants, qui ont nui à la fraîcheur de son sang. Tâche de l’amener ici par quelque enchantement ; je charmerai les yeux du jeune homme qu’elle aime, avant qu’elle reparaisse à sa vue.

PUCK. — J’y vais, j’y vais : vois, comme je vole, plus rapidement que la flèche décochée de l’arc d’un Tartare. (Il sort.)

OBERON.

(Il verse un suc de fleur sur les yeux de Démétrius.)

Fleur de couleur de pourpre,
Blessée par l’arc de Cupidon,