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là d’heure plus joyeuse. Mais, place, belle fée ; voici Oberon.

LA FÉE. — Ah ! voici ma maîtresse, que n’est-il parti !




Scène II

OBERON entre avec sa suite par une porte, et TITANIA avec la sienne entre par l’autre.


OBERON. — Malheureuse rencontre, de te trouver au clair de la lune, fière Titania.

TITANIA. — Comment, jaloux Oberon ? —Fées, sortons d’ici : j’ai renoncé à sa couche et à sa compagnie.

OBERON. — Arrête, téméraire infidèle ! Ne suis-je pas ton époux ?

TITANIA. — Alors je dois être ton épouse. Mais je sais le jour que tu t’es dérobé du pays des fées, et que, sous la figure du berger Corin, tu es resté assis tout le jour, soupirant sur des chalumeaux, et parlant en vers de ton amour à la tendre Phillida. Pourquoi es-tu revenu des monts les plus reculés de l’Inde ? Ce n’est, certainement, que parce que la robuste amazone, ta maîtresse en brodequins, ton amante guerrière, doit être mariée à Thésée ; tu viens pour donner le bonheur et la joie à leur couche nuptiale ?

OBERON. — Comment n’as-tu pas honte, Titania, de parler malicieusement de mon amitié pour Hippolyte, sachant que je suis instruit de ton amour pour Thésée ? Ne l’as-tu pas conduit dans la nuit à la lueur des étoiles, loin des bras de Périgyne qu’il avait enlevée ? Et ne lui as-tu pas fait violer sa foi donnée à la belle Églé, à Ariadne, à Antiope[1] ?

TITANIA. — Ce sont là des inventions de la jalousie. Jamais, depuis le solstice de l’été, nous ne nous sommes rencontrés sur les collines, dans les vallées,

  1. On sait que Thésée fut un des plus braves chevaliers errants de la mythologie grecque, mais qu’il ne se piquait pas de fidélité envers les dames.