Mme PAGE. Il n’y a pas trahison à faire justice de ces impudiques et de leur luxure.
Mme FORD. L’heure approche : au chêne ! au chêne !
Scène IV.
EVANS. Trottez, trottez, lutins et fées ; venez, et rappelez-vous votre rôle. De la hardiesse, je vous prie ; suivez-moi dans le fossé : quand je vous donnerai le signal, faites comme je vous l’ai prescrit. Venez ! venez ! trottez ! trottez !
Scène V.
FALSTAFF. La cloche de Windsor a sonné minuit ; le moment approche ; que maintenant les dieux des chauds désirs me soient en aide. Souviens-toi, Jupiter, que pour ton Europe tu devins taureau ; l’Amour te donna des cornes ! le puissant Amour, qui parfois fait d’une bête un homme, et parfois aussi d’un homme fait une bête. Jupiter, tu te transformas également en cygne pour l’amour de Léda. Ô Amour tout-puissant ! combien il s’en est peu fallu que le dieu ne devînt oison ! Ô Jupiter ! après avoir, métamorphosé en bête, commis un premier péché, un péché bestial, tu en commis un second sous la forme d’une volaille ! Songes-y, Jupiter, ce fut là un péché énorme. Quand les dieux ont les reins chauds, que sera-ce donc de nous, pauvres humains ? Pour moi, je suis un cerf de Windsor, et le plus gras, je pense, de la forêt. Accorde-moi un temps frais pour la saison du rut, ô Jupiter ! sinon, qui pourrait me blâmer si je dépense en amour l’excès de mon embonpoint ?
Mme FORD. Sir John ? Êtes-vous là, mon chéri, mon cerf ?
FALSTAFF. Est-ce vous, ma biche, ma mignonne ? Maintenant qu’il pleuve des patates ; qu’il tonne sur l’air des Manches vertes ; qu’il grêle des prunes confites et des meringues ; vienne une tempête de tentation, voilà où je m’abrite.