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représenter la reine des génies. Voici dans quel but : sous ce déguisement, pendant que les autres acteurs de cette comédie seront occupés à jouer leur rôle, son père lui a commandé de s’esquiver avec Nigaudin et de se rendre avec lui à Eton, où on doit les marier : elle y a consenti. De son côté sa mère, fortement opposée à cette union, et voulant absolument pour gendre le docteur Caïus, est convenue avec lui qu’au beau milieu de la pièce il enlèvera sa fille et la conduira au presbytère, où un prêtre les attend pour les unir ; Anna, feignant d’entrer dans ce complot de sa mère, a pareillement donné sa promesse au docteur. Maintenant voilà la position des choses : son père a décidé qu’elle serait vêtue de blanc ; c’est sous ce costume que Nigaudin devra la reconnaître, la prendre par la main et l’emmener ; d’autre part, pour mieux la désigner au docteur, car tout le monde sera masqué, sa mère veut qu’elle soit habillée de vert, vêtue d’une robe flottante et les cheveux entremêlés de rubans voltigeant çà et là ; quand le docteur croira le moment favorable, il est convenu qu’il lui pincera la main ; à ce signal, la jeune fille a consenti à partir avec lui.

L’HÔTE. Qui se propose-t-elle de tromper ? son père ou sa mère ?

FENTON. L’un et l’autre, mon cher, pour partir avec moi. Il ne reste maintenant qu’une chose à faire, c’est que vous alliez engager le vicaire à m’attendre à l’église entre minuit et une heure, afin de nous unir en légitime mariage.

L’HÔTE. Allez, suivez votre projet ; je vais trouver le vicaire ; amenez la jeune fille, le prêtre ne vous manquera pas.

FENTON. Je vous en serai à jamais reconnaissant : en outre, je vais, dès à présent, vous donner un à-compte.

Ils sortent.



ACTE CINQUIÈME

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Scène I.

Une chambre dans l’auberge de la Jarretière.
Entrent FALSTAFF et Mme VABONTRAIN.

FALSTAFF. C’est assez bavarder ; allez, je m’y rendrai ; c’est la troisième fois : j’ai confiance aux nombres impairs. Allez,