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dres occasions, vous ne pouvez néanmoins réussir à l’obtenir, et bien, alors… Écoutez-moi.

Ils se retirent à quelque distance et continuent à s’entretenir à voix basse.


Entrent CERVEAUVIDE, NIGAUDIN et Mme VABONTRAIN.

CERVEAUVIDE. Interrompez leur entretien, madame Vabontrain ; mon parent parlera pour son propre compte.

NIGAUDIN. Je vais décocher un ou deux traits ; ce n’est qu’un essai.

CERVEAUVIDE. Ne vous intimidez pas.

NIGAUDIN. Non, elle ne m’intimidera pas ; je ne crains pas cela, et néanmoins j’ai peur.

Mme VABONTRAIN, s’approchant d’Anna. Écoutez, miss Anna : monsieur Nigaudin voudrait vous dire deux mots.

ANNA. J’y vais. (À part.) C’est le choix de mon père. Oh ! quels défauts nombreux ne seraient effacés par un revenu de trois cents livres sterling ?

Mme VABONTRAIN. Et comment se porte monsieur Fenton ? J’aurais un mot à vous dire.

Elle le prend à part et s’entretient à voix basse.

CERVEAUVIDE. Elle vient ; allez au-devant d’elle, cousin. Jeune homme, vous aviez un père !

NIGAUDIN. J’avais un père, miss Anna !… mon oncle peut vous conter de lui d’excellents tours. Mon oncle, racontez un peu, je vous prie, à miss Anna, l’histoire des deux oies que mon père vola un jour dans un poulailler.

CERVEAUVIDE. Miss Anna, mon cousin vous aime.

NIGAUDIN. C’est vrai que je vous aime autant qu’aucune femme du comté de Glocester.

CERVEAUVIDE. Il vous fera tenir le rang d’une femme de qualité.

NIGAUDIN. Certainement, je le ferai ; et je ne crains à cet égard aucun rival riche ou pauvre, au-dessous du rang d’écuyer[1].

CERVEAUVIDE. Il apportera dans la communauté cent cinquante livres sterling.

ANNA. Mon cher monsieur Cerveauvide, laissez-le faire lui-même sa cour.

  1. Le titre d’écuyer, squire, se donne en Angleterre à quiconque vit de son revenu ou appartient à une profession libérale.