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PAGE. Allons, messieurs ; mais, croyez-moi, nous le dauberons d’importance. Je vous invite à déjeuner chez moi demain matin ; après déjeuner nous irons à la chasse à l’oiseau : j’ai un faucon admirable pour le taillis. Est-ce convenu ?

FORD. Tout ce qu’il vous plaira.

EVANS. S’il y en a un, je ferai le second.

CAIUS. S’il y en a un ou deux, je ferai le troisième.

EVANS, à Ford. À votre place que je serais honteux !

FORD. Monsieur Page, venez-vous ?

EVANS, à Caïus. Veuillez demain ne pas oublier ce misérable, l’hôte de la Jarretière.

CAIUS. C’est juste. De tout mon cœur, morbleu !

EVANS. Un coquin qui a osé nous prendre pour but de ses plaisanteries !

Ils sortent.



Scène IV.

Une chambre dans la maison de M. Page.
Entrent FENTON et MISS ANNA PAGE.

FENTON. Je vois bien que je ne puis obtenir l’affection de votre père ; cessez donc, chère Anna, de me renvoyer a lui.

ANNA. Hélas ! que faire ?

FENTON. Osez être vous-même. Il m’objecte ma naissance trop haute ; il prétend que mes dépenses ont compromis ma fortune, et que je veux avec la sienne en réparer les brèches. Il élève encore d’autres obstacles, mes égarements passés, mes liaisons folles, et soutient que je n’aime en vous que vos richesses.

ANNA. Peut-être dit-il vrai.

FENTON. Non, certes, et si je mens, puisse le ciel ne point m’accorder un avenir prospère ! Il est vrai, je l’avoue, que la fortune de votre père fut le premier motif qui m’engagea à vous offrir mes hommages ; mais quand je vous ai connue, je vous ai trouvée d’un prix bien au-dessus des pièces d’or et d’argent ; et l’unique trésor auquel maintenant j’aspire, c’est vous-même.

ANNA. Mon cher monsieur Fenton, n’en recherchez pas moins l’amitié de mon père ; recherchez-la toujours ; si, par les démarches les plus humbles, et en mettant à profit les moin-