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120 LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE. immodeste, si toutefois il y a quelque chose de honteux dans un déguisement inspiré par l’amour. Aux yeux de la pudeur, il y a moins de honte dans la femme à changer de costume qu’il n’y en a dans l’homme à changer de sentiments. PROTÉE. Qu’il n’y en a dans l’homme à changer de senti- ments ! Tu dis vrai. ciel ! l’homme serait parfait s’il était constant. Cette unique erreur est la source de toutes ses fautes et l’entraîne à toutes transgressions ; l’inconstance renonce avant d’avoir commencé. Qu’y a-t-il dans les traits de Silvie que mes yeux constants ne puissent voir avec plus de fraîcheur encore dans Julie ? YALEMix. Allons , allons , donnez-moi tous deux la main ; que j’aie le bonhem’ d’effectuer cette heureuse réconciliation ; ce serait dommage que deux amis comme vous restassent long- temps ennemis. PROTÉE, pressant Julie sur son cœur. Le ciel m’est témoin que tous mes vœux sont comblés ! JULIE. Et les miens aussi. Arrivent LE DUC et THURIO, accompagnés de plusieurs BRIGANDS, LES BRIGANDS. Une prise ! une prise ! une prise ! YALENTIN. Arrêtez ! c’est monseigneur le duc. Votre altesse est la bienvenue auprès d’un homme disgracié , Valentin le banni. LE DUC. Le chevalier Valentin ! THURIO. Voilà Silvie, et Silvie m’appartient. Y.LEXTIN. Arrière , Thurio , ou tu es mort ! tiens-toi à (hs- tance de ma colère ; ne dis pas que Silvie t’appartient ; si tu le répètes, Milan ne te reverra pas. La voici devant toi ; ose seu- lement la toucher ou l’effleurer de ton souffle. THURIO. Sire Valentin, je ne me soucie point d’elle, moi ; bien fou est, à mes yeux, qui mettrait sa vie en péril pour une fennne qui ne l’aime pas le moins du monde ; et vous pouvez la preudie. LE DUC. Et tu n’en es que plus lâche et plus vil de renoncer à elle aussi facilement, après tout ce que tu as fait pour l’ob- tenir... Par l’honneur de mes aïeux, j’applaudis, Valentin, à ta conduite pleine de cœur, et te crois digne de l’amour d’une reine. Je te le déclare donc, j’abjure ici tous les griefs du passé, j’oubhe toute inimitié antérieure, et je te rappelle à ma cour. L ne satisfaction est duc à ton mérite sans rival ; j’y souscris