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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

zones, — plus délicieux que le nectar ou que l’ambroisie, — et noyons la lie du souci maudit — dans des gobelets couronnés des dons de Bacchus. — Maintenant marchons vers les flots argentés de l’Abie — qui serpentent brillamment à travers les plaines — et mouillent les gras pâturages. — Sonnez, trompettes et tambours, sonnez gaiement, — puisque nous nous en retournons avec la joie et la victoire.

Ils sortent.

PANTOMIME.

Entre Até, toujours dans le même appareil. Un crocodile apparaît au bord d’une rivière, et un petit serpent vient le piquer. Alors tous deux se précipitent dans l’eau.
até.

Scelera in autorem cadunt.
Au haut d’une rive, près des eaux orageuses du Nil,
S’était arrêté, terrible, le crocodile égyptien,
Broyant affreusement de ses longues dents aiguës
Les entrailles déchirées d’un chétif poisson.
Son dos était armé contre les coups de lance
D’une cuirasse de bronze brillant comme de l’or bruni ;
Et, comme il allongeait ses pattes cruelles,
Une vipère subtile, rampant secrètement près de lui,
A dardé son aiguillon fourchu sous les griffes du monstre
Et lui a infiltré son poison jusqu’aux os ;
Ce qui a fait enfler et crever le crocodile
Qui avait tant de confiance en sa force.
De même Humber, ayant vaincu Albanact,
Voit sa gloire humiliée par l’épée de Locrine.
Remarquez ce qui va suivre, et vous verrez facilement
Que toute notre vie n’est qu’une tragédie.

Até sort.