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APPENDICE.

pière dorée, et la cacha soigneusement dans une autre chambre.

Cela fait, il appela le garçon, et, lui donnant son manteau en gage, lui emprunta cinq shillings pour une heure ou deux, en attendant, prétendait-il, la venue de son valet. Cet argent empoché, George se montra le plus joyeux de tous. Le repas fut apporté ; et les convives se mirent à table, tous fort gais, spécialement mon petit imbécile, qui ne se doutait guère de la conclusion du repas. Le dîner terminé, après maints propos échangés, chacun se mit en mesure de rajuster son équipement. C’est alors que le niais s’aperçut de la disparition de sa rapière. Grande stupéfaction de toute la compagnie. Notre gaillard était bouleversé ; il avait emprunté cette épée à un de ses amis, et il jurait que, plutôt que de la perdre, il aurait dépensé vingt nobles.

— Il est étrange, dit George, qu’elle ait disparu de cette manière. Il n’y a ici que nous et les gens de la maison.

On interrogea ceux-ci ; aucune nouvelle de la rapière. Toute la bande se lamentait. George, de l’air le plus désolé, jura qu’il saurait ce que l’épée était devenue, dût-il lui en coûter quarante shillings. Sur ce, il commande à l’hôtelier de seller son cheval. George voulait à toute force aller trouver un de ses amis, un savant, qui était un devin consommé.

— Ah ! mon cher monsieur Peele, s’écria notre imbécile ! Que l’argent ne vous arrête pas ; voici quarante shillings ; voyez ce que vous pouvez faire ; et, si cela vous plaît, je vous accompagnerai à cheval.

— Non pas, repartit George, en empochant les quarante shillings ; j’irai seul ; amusez-vous ici de votre mieux, jusqu’à mon retour.

Sur ce, George les quitte et arrive à Oxford au grand galop. Là il révèle toute l’affaire à un de ses amis, qui monte