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SCÈNE XIV.

escarmouche.

Nous les soutiendrions à leur barbe. Nous connaissons toutes leurs machinations. Ils ne peuvent pas équivoquer avec nous. Ils nous ont honteusement bafoués, ils ont fait de nous leur instrument pour s’élever sur nos épaules, mais ils se repentiront de leur coquinerie. C’est ce matin qu’ils doivent se marier.

sir olivier.

Ce n’est que trop vrai. Pourtant, si la veuve n’est pas affolée par tant d’impostures et de fourberies, la révélation de leur vilenie attirera le mépris sur ces deux hommes. Dans ce but, je vous le confie en secret, je me suis adressé la nuit dernière à un noble personnage dont je suis l’obligé autant qu’il est le mien. Je compte donc sur sa précieuse éloquence, et qu’il se mettra pour moi en frais de bonnes paroles. À dire vrai, c’est seulement dans des occasions aussi urgentes que je le considère comme m’étant redevable. En émettant de temps à autre une parole généreuse, ici, dans la cité, il me rend plus de services que s’il m’avait payé, dans une circonstance unique, la moitié de sa dette, en ajournant au jugement dernier le paiement de l’autre moitié.

sir andré.

En vérité ! monsieur, soit dit sans flatterie, vous avez fait preuve d’un grand jugement dans ces quelques mots.

sir olivier.

Vous le savez, toute parole prononcée par un tel personnage a un effet, une portée considérable, et c’est par sa bouche que nous dénoncerons la fourberie avérée de ces hommes.

escarmouche.

Et je maintiendrai ce qu’il dira, chevalier.