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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

compense ; car, à la première vue de ma chaîne retrouvée, quarante-cinq anges d’argent apparaîtront pour toi.

le capitaine.

En vérité, ce sera une splendide apparition, une bien belle apparition… Ah çà, tous ces gens-là sont-ils de votre maison ? êtes-vous sûr d’eux, messire ?

sir godfrey.

Oui, oui… Non, non… Celui qui cause là-bas avec mon écervelé de neveu, Dieu veuille qu’il soit discret !

le capitaine.

Qui ? lui ! c’est un ami, un mien ami rare, un admirable homme, chevalier, le plus beau diseur de bonne aventure.

sir godfrey.

Oh ! en effet, c’est lui qui est venu chez ma sœur et qui a prédit la perte de ma chaîne ; je ne lui en veux pas, car je vois qu’il était dans ma destinée de la perdre.

À George.

Pardon, monsieur le diseur de bonne aventure, je vous ai entrevu à la maison, chez ma sœur la veuve ; c’est là que vous avez prédit la perte d’une chaîne ; eh bien, moi qui vous parle, je suis celui qui l’a perdue.

george.

En vérité, monsieur ?

edmond, à sir Godfrey.

— Sur ma parole, m’noncle, c’est un rare gaillard, il m’a si bien prédit ma destinée ; je trouve sa prophétie si conforme à ma nature !

sir godfrey.

Quelle est cette destinée ? Dieu veuille qu’elle soit bonne !

edmond.

Oh ! elle est plus que bonne, m’noncle ; je serai un jour, à ce qu’il affirme, un si parfait viveur que je dépenserai tout mon bien plus vite que mon père ne l’a acquis.