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SCÈNE XI.

le capitaine, à part.

Confiez donc des secrets à un imbécile !

Haut.

Monsieur, il peut dire que je le savais, en ce sens que, grâce à mon art, j’ai la faculté de tout connaître.

sir godfrey.

Oui, c’est fort juste.

le capitaine, à part.

Au diable tous les imbéciles !… L’explication restait collée à mes lèvres comme la poix du navire à la blouse d’un marin ; j’ai eu de la peine à l’arracher.

Haut.

Par Notre-Dame, chevalier, ce serait une perte affreuse que la perte d’une chaîne aussi belle ; mais, je puis vous en donner la douce assurance, pour peu qu’elle soit entre le ciel et la terre, chevalier, je vous la restituerai.

sir godfrey.

Prodigieux enchanteur !… Oh ! oui, elle est entre le ciel et la terre, je vous le garantis ; elle ne peut pas être sortie du royaume ; je suis sûr qu’elle est quelque part sur la terre.

le capitaine, à part.

Oui, et plus près de nous que tu ne le crois.

sir godfrey.

D’abord, en effet, ma chaîne est une riche chaîne, et ce qui est riche, vous savez, ne doit point entrer au ciel.

nicolas.

Et puis, monsieur, quant au diable, il n’en a pas besoin, car vous savez qu’il a une fameuse chaîne à lui, celui-là.

sir godfrey.

Tu dis vrai, Nicolas, mais le diable s’est, de nos jours, débarrassé de sa chaîne.