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SCÈNE IV.

george.

Je vous charge tous deux de soutenir une querelle devant la porte de la veuve, et de croiser l’épée à la pointe du crépuscule. Ferraillez un peu, ferraillez, ferraillez.

le caporal.

Peuh ! — fiez-vous à nous, nous ferons sonner à nos lames le carillon de midi, — quand ce serait après souper.

george.

Je m’en rapporte à vous. — De cette étincelle fallacieuse je m’engage à faire jaillir une étrange illusion… Capitaine, pour favoriser mes desseins et pour rendre plus prestigieuses mes paroles à la veuve, je mettrai un beau costume de satin uni, que j’ai eu l’autre soir d’un jeune viveur ; car de nos jours les paroles passent inaperçues, si elles n’émanent pas d’un beau costume, comme celui dont m’ont pourvu les destins et mon génie. Certes, capitaine, si je ne t’aimais pas profondément, je ne voudrais pas être vu à deux cents pas d’une prison, car je proteste qu’en ce moment je suis grandement menacé par les dettes criardes. Je dois de l’argent à diverses hôtesses, et tu sais que ces drôlesses-là sont vite aux trousses d’un mortel.

le capitaine.

C’est vrai, George.

george.

Salut, capitaine !… Caporal, enseigne, partons…

Au capitaine.

Tu apprendras du nouveau la prochaine fois que nous te reverrons.

le caporal.

Du nouveau ! oui, par la grande ourse du ciel, tu en apprendras.

le capitaine.

Suffit. Adieu, mes amis. — Cette prison est comme un enfer dont les spectres se sépareraient.

Ils sortent.