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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

escarmouche.

Tout ce que je puis dire, c’est qu’assurément ça va mal pour moi ; car, depuis la fin des guerres, j’ai dépensé de ma poche plus de cent écus. Je suis soldat depuis quarante ans, et je m’aperçois aujourd’hui qu’un vieux soldat et un vieux courtisan ont une même destinée ; on les rejette tous deux comme de vieux clous…

george.

Bons tout au plus à ferrer le soulier d’un mendiant.

escarmouche.

Je ne conteste pas que la guerre ne soit une sangsue. Mais, sur ma conscience (un soldat garde toujours un peu de sa conscience ; elle a beau être criblée de trous, comme une vieille cible ; n’importe, il s’en sert encore pour jurer par elle…) sur ma conscience donc, je déclare qu’une paix d’une certaine nature, quelque douce qu’elle paraisse, renferme plus d’oppressions secrètes, plus de maux violents qu’une guerre déclarée.

george.

C’est vrai ; et, pour ma part, je suis un pauvre gentleman, un étudiant ; j’ai été immatriculé à l’université, j’y ai usé six robes, j’y ai vu des imbéciles et des savants, des enfants de la cité et des enfants de la campagne ; j’y ai respecté l’ordre ; j’y ai arpenté le quadrangle nu tête, mangé mon ordinaire de bon appétit, et bataillé avec discrétion ; enfin, après avoir fait bien des tours et des escapades pour tenir mon esprit en haleine (ma cervelle n’ayant jamais pu endurer l’inaction), je fus expulsé de l’université, uniquement pour avoir volé un fromage au collége de Jésus (8).

escarmouche.

Est-il possible ?

george.

Oh ! il y avait un Welche (Dieu lui pardonne !) qui pour-