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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

bedford.

— Eh bien donc, changeons sur-le-champ de vêtements.

cromwell.

— Va, Hodge, fais vite, de peur qu’on ne vienne.

HODGE, montrant Bedford.

— Je vous garantis que je vais l’habiller à la mode.

Le comte de Bedford et Hodge sortent.
CROMWELL, seul.

— Fasse le ciel que ce stratagème réussisse, — et que le comte puisse s’échapper sain et sauf ! — Pourtant je suis inquiet pour ce pauvre diable ; — j’ai peur qu’ils ne lui fassent violence. — Mais de deux maux, il faut éviter le plus grand. — Que Hodge vive en captivité, — cela vaut mieux que de voir succomber ce vaillant comte. — Et puis, il est possible que leur acharnement s’apaise — après le départ de celui auquel ils ont voué leur haine. — Avez-vous fini, milord ?

Entrent Bedford, portant les vêtements de paysan, et Hodge, portant. le chapeau et le manteau du comte.
bedford.

— Comment nous trouves-tu, Cromwell ? Est-ce bien ?

cromwell.

— Oh ! parfait, mon bon seigneur ! Hodge, comment te sens-tu ?

hodge.

— Comment je me sens ? ma foi, comme se sentirait un noble ! — Oh ! je sens la seigneurie me gagner. — Ma noblesse est une prodigieuse mélancolie : — n’est-il pas de bon ton d’être mélancolique ?

cromwell.

— Oui, Hodge. Maintenant, va t’asseoir dans ton laboratoire, — et affecte l’autorité.