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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

bedford.

— Un Napolitain ! Faites-le entrer.

Le valet sort.

— Fût-il d’une éloquence aussi persuasive que Cicero, le fameux Romain, — ses paroles seraient comme un brin de paille contre le vent. — La suave langue d’Ulysse, qui rendit fou Ajax, — fût-elle dans la tête de ce parleur, — il ne m’aura pas vivant. Donc, pas de conquête.

Entre Cromwell en costume de Napolitain ; il est suivi de Hodge.
CROMWELL, à l’hôte.

— Monsieur, êtes-vous le maître de ce logis ?

l’hôte.

Oui, monsieur.

cromwell.

— Selon l’engagement pris, il faut que vous quittiez ce lieu, — et que vous nous laissiez seuls, le comte et moi, — avec cet homme, un paysan à moi, qui doit nous assister.

l’hôte.

— De tout mon cœur ! Dieu veuille que vous réussissiez !

L’hôte sort. Cromwell ferme la porte.
bedford.

— Maintenant, monsieur, que voulez-vous de moi ?

cromwell.

— Votre seigneurie est-elle résolue à ne pas se rendre ?

bedford.

— Non, bonhomme oison, non, tant que cette épée durera. — Est-ce là cette éloquence qui doit me décider ?

cromwell.

— Milord, mon éloquence ne tend qu’à vous sauver. — Je ne suis pas un Napolitain, comme vous pensez, — mais un Anglais, Cromwell, votre serviteur.

bedford.

— Comment ? Cromwell, le fils de mon maréchal !