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SCÈNE VI.

tu pas tout de suite leur misère ?… — Monsieur, la monnaie que j’ai sur moi est peu de chose. — Voici seize ducats pour vous habiller ; — en voici seize autres pour vous acheter des aliments, — et en voilà seize pour vous louer des chevaux. — C’est tout ce que j’ai dans ma bourse, comme vous voyez. — Mais si vous voulez me demander dans la ville, — vous aurez de moi tous les secours que je puis donner. — Je m’appelle Friskibal, marchand de Florence, — un homme qui a toujours aimé votre nation.

cromwell.

— Cette faveur inattendue que je reçois de vous, — Dieu sait si je pourrai jamais la reconnaître. — La nécessité me réduit à accepter vos bontés — et, en échange de votre or, à ne vous donner que des remerciements. — Votre charité m’a sauvé du désespoir, — et votre nom sera toujours dans ma cordiale prière.

friskibal.

— Cela ne vaut pas tant de reconnaissance. Venez chez moi, — j’y pourrai plus largement pourvoir à vos besoins.

cromwell.

— De grâce, excusez-moi. Ceci suffira bien — pour payer mes dépenses jusqu’à Bologne. — Là se trouve dans une situation critique — un grand seigneur anglais, Russell, comte de Bedford, — dont la tête est mise à prix par le roi de France. — Il peut arriver que je lui sois utile ; — pour lui sauver la vie, je hasarderai le sang de mon cœur. — Ainsi, mon cher monsieur, merci de votre généreuse offrande. — Il faut que j’aille à son secours, et sans hésiter.

friskibal.

— Je ne serai pas un obstacle à une si noble action ; — Que le ciel vous fasse réussir dans ce que vous entreprenez ! — Si la fortune vous ramène ici, — venez me voir. Je prends