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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

C’est un homme qui n’aime pas manger son pain chez lui.

le gouverneur.

— C’est bien. Que la fortune soit avec lui, s’il est parti. — Nous aurons de la peine à retrouver son pareil — pour faire des affaires ; sa conduite était si honnête ! — Maintenant, monsieur, quant aux bijoux que vous m’avez confiés, — quel est votre dernier mot ? Voyons, voulez-vous accepter mon prix ?

bagot.

— Oh ! monsieur, vous offrez trop au-dessous de la valeur.

le gouverneur.

— Il n’y a que deux cents livres entre nous, mon brave. — Qu’est cela dans un paiement de cinq mille livres ?

bagot.

— Deux cents livres ! Diantre ! c’est considérable. — Il me faut beaucoup suer avant d’en gagner autant.

le gouverneur.

— Tenez ! maître Bagot, je vais vous tenter. — Vous voyez ce marchand, maître Banister, — qu’on mène en prison maintenant à votre requête. — Il n’a plus rien. Qu’obtiendrez-vous de lui ? — J’ai connu cet homme-là riche et respecté ; — toujours probe en affaires, il a été accablé par des malheurs — qui pourraient nous arriver, à vous ou à moi. — Eh bien, il y a deux cents livres entre nous : — partageons la différence. Je vous en donnerai cent, — à la condition que vous le ferez mettre en liberté. — Sa fortune est à néant, comme vous pouvez le voir vous-même, — et là où il n’y a rien, le roi lui-même doit perdre son droit.

bagot.

— Monsieur ! monsieur ! c’est la charité qui vous fait parler. — Mais c’est charité folle, monsieur, que d’avoir pitié de lui. — Aussi restons-en là. Mon parti est