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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

manderai à votre sagacité ceci, — de faire semblant d’être ce que j’espère bien que vous n’êtes pas… — Mais à quoi bon la recommandation ? Vous faites la chose à merveille ; — c’est le seul moyen de gagner une fortune.

cromwell.

— Une fortune ! J’aimerais mieux m’enchaîner à une rame — et, comme un galérien, épuiser là toute ma vie — que de vivre ainsi qu’un infâme comme toi. — Moi ! hypocrite ! affecter — une apparente vertu et n’être au dedans qu’un démon ! — Non, Bagot. Si ta conscience était aussi pure que la mienne, — le pauvre Banister n’aurait jamais eu tant de tourments.

bagot.

— Voyons, mon bon monsieur Cromwell, ne vous fâchez pas. — Je reconnais parfaitement que vous n’êtes pas un homme à agir ainsi. — Mais ici, votre conscience fût-elle blanche comme la neige, — on pensera toujours que vous êtes autrement.

cromwell.

— Comment ! on pensera que je suis autrement ! — Que ceux qui pensent ainsi sachent qu’ils se trompent ! — Cromwell vivra-t-il pour voir sa probité calomniée ? — Anvers ! pour toutes les richesses qui sont dans tes murs, — je ne resterais pas ici deux heures de plus. — Dieu merci ! mes comptes sont en règle ; — aussi vais-je de ce pas trouver le trésorier. — Bagot, je sais que vous allez chez le gouverneur ; — excusez-moi près de lui ; dites-lui que je suis décidé à voyager-pour voir les fertiles campagnes de l’Italie. — Et, si vous avez jamais eu une âme chrétienne, — puisse Banister trouver en vous quelque indulgence !

bagot.

— Je vais faire tout ce que je pourrai pour lui, monsieur, à votre considération.