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SCÈNE IV.

cromwell.

Mon nom est Thomas Cromwell, madame.

mistress banister.

Ne connaissez-vous pas, monsieur, un certain Bagot qui est arrivé à Anvers ?

cromwell.

— Non, je vous jure, je n’ai jamais connu cet homme-là, — mais voici des billets, que j’ai reçus de lui, à recouvrer — d’un certain Banister, un marchand tombé dans la gêne.

mistress banister.

— Oui, dans la gêne, à la profondeur de ma misère. — Je suis la femme de cet infortuné, — et nous sommes poursuivis par cet insatiable scélérat — de Londres jusqu’ici, à Anvers. — Mon mari est dans les prisons du gouverneur, — et le Dieu du ciel sait comment il va être traité. — Mais vous, monsieur, votre cœur est d’une trempe plus douce ; — soyez clément pour une âme en détresse, — et Dieu, soyez-en sûr, triplera votre fortune sous sa bénédiction.

cromwell.

— Bonne mistress Banister ! je ferai tout ce que je pourrai — en ce qui dépendra de moi.

mistress banister.

Oh ! parlez à Bagot, ce méchant endurci. — La voix d’un ange peut toucher le plus damné démon.

cromwell.

— Comment ! on vous a dit qu’il était à Anvers ?

mistress banister.

— J’ai appris qu’il était débarqué depuis deux heures.

cromwell.

— C’est bien. Soyez sûre, mistress Banister, — que je parlerai à Bagot en votre faveur. — Je l’apitoierai de mon mieux. — En attendant, pour vous soutenir dans votre détresse, — acceptez ces anges d’argent qui soulageront votre